Le combat de la Jupelière 1794
Le combat de La Jupelière
28 octobre 1794
Le chef chouan Jambe d'Argent, à peine remis des suites de ses blessures reçues au combat de La Ramée (29 septembre 1794), fut convoqué de nouveau par Monsieur Jacques, ainsi que Michel Lecomte, chef de la division de Craon, à une réunion générale fixée au château de La Jupelière, près du bois de Bergault (commune de Maisoncelles) le 28 octobre 1794. Monsieur Jacques tentait de fédérer autour de lui les troupes insurgées des deux rives de la Mayenne.
Château de La Jupelière
Les deux chefs s’y rendirent dans la nuit avec leurs meilleures troupes et arrivèrent au point du jour. Tandis que Jean-Louis Tréton s’occupait de placer les hommes dans la ferme voisine pour s’y reposer des fatigues de la nuit, Michel Lecomte se rendit directement au château où devisaient Monsieur Jacques, Le Chandelier et les autres chefs de la rive gauche, sans avoir pris la précaution de placer des sentinelles.
Ce devoir accompli, Jambe d’Argent se dirigeait vers le château, lorsqu’il vit déboucher, au bout de l’allée, le cantonnement de la garde nationale de Villiers-Charlemagne qui s’avançait, guidé par l’empreinte des pas que les chouans avaient laissée sur la gelée blanche du matin. Il déchargea son fusil et courut rejoindre ses hommes.
Au bruit de la détonation, les hôtes du château se précipitèrent par toutes les issues et se dirigèrent vers le bois de Bergault afin de s’y retrancher. Mais en s’y rendant ils essuyèrent le feu des républicains qui coucha par terre un des frères Corbin, du Bignon, et Jean de la Grange, prêtre vendéen, aumônier de la division.
Parvenu à la lisière du bois, Monsieur Jacques s’efforça de retarder la marche des bleus jusqu’au moment où Jambe d’Argent arriva à la rescousse. Malgré la fusillade presque à bout portant qui s’engagea alors, les bleus avancèrent bravement en rangs serrés, entrainés par le son d’un tambour que battait un adolescent de quinze ans, alternant les roulements de sa caisse avec les cris de « Vive la République !». Le chouan Bénédicité ajusta le jeune tambour qui s'écroula aussitôt.»
Les bleus n’entendant plus le roulement du tambour s’arrêtèrent surpris et inquiets. Monsieur Jacques profita de ce moment d’hésitation pour commander une charge à la baïonnette qui détermina la déroute. Les cantonnements de Parné et de Meslay, survenus après le combat, se retirèrent sans oser s’engager dans le bois. Le soir, Monsieur Jacques qui avait montré dans cette journée, plus de courage que de prudence, licencia ses chouans, en leur annonçant un nouveau rassemblement pour une expédition importante.
(Source : Monsieur Jacques Alphonse-Victor Angot, Ferdinand Gaugain - Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Goupil, 1900-1910)
Chapelle du château
*La chapelle du château sera desservie par François Huchedé, vicaire revenu d’emprisonnement à Rambouillet, qui, de 1795 à 1800, va y exercer son ministère en toute clandestinité. Les murs de la chapelle castrale, faisant office de registre, atteste encore de la célébration en ces lieux de 118 baptêmes et de 95 mariages.