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Le combat de la Bodinière 1794

Le combat de la Bodinière

6 avril 1794

 

Soucieux d’organiser ses chouans et de leur donner le sens de la discipline qui leur manquait, Jambe d’Argent convoqua un rassemblement dans la châtaigneraie de la Bodinière, près de Nuillé-sur-Vicoin, pour le dimanche de la Passion, le jour même où Kléber prenait à Vitré, le commandement des troupes destinées à anéantir la chouannerie.

 

Jambe d argent 1

Jean-Louis Tréton dit Jambe d’Argent

 

Les chefs de paroisse accoururent à cette convocation, suivis de leurs hommes. Moustache amena les jeunes de Saint-Sulpice ; Placenette ceux de Montigné et d’Ahuillé ; il en vint de l’Huisserie, avec Pierre Mongazon, dit Brise-Bleu ; de Quelaines, avec Mottier dit Richard, capitaine de cette paroisse ; en tout environ 300 chouans, dont beaucoup sans armes.

Comme dans l’armée vendéenne, on commença par la prière du matin. Celle-ci n’était pas achevée, qu’une sentinelle accourut annoncer l’approche d’un espion qui s’avançait en rampant derrière les buissons. Courir sus, le saisir et l’amener fut l’affaire d’un instant pour Placenette et Fleur-d’Epine, qui lui signifièrent qu’au premier coup de feu, son compte était réglé. Les bleus, se voyant découverts, engagèrent aussitôt l’action. A la première fusillade, les nouvelles recrues se dispersèrent comme une volée de moineaux. Jambe d’Argent ne se déconcerta point, rallia une quarantaine de braves, les embusqua derrière les châtaigniers, et ordonna un feu de file dont chaque coup porta la mort.

Surpris de cette résistance inattendue, les bleus perdirent contenance et battirent précipitamment en retraite, laissant dans la châtaigneraie, 17 fusils, des cartouches et un sabre d’officier qui fut offert à Jambe d’Argent, comme le trophée de sa victoire. Peu de temps après, il cassa ce sabre contre la baïonnette d’un bleu contre lequel il se battait.

La nouvelle du combat de la Bodinière arriva dès le lendemain à Laval. Le jeune Duchemin-Descepeaux, le futur historien de la chouannerie, alors âgé de 10 ans, en apprit le récit par cœur, pour aller le répéter aux suspects détenus aux Bénédictines, et les dames de Laval s’empressèrent de broder des Sacrés-Cœurs et de pieuses devises sur des rubans blancs pour les vainqueurs.

Sacre coeur 1

 

(Sources : Souvenirs de la chouannerie édition 1852, Duchemin-Descepeaux page 260 – Histoire de la Révolution dans la Mayenne édition 1918, abbé Gaugain 2eme partie tome II pages 8 et 9)