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Le combat de Cossé 1815

Le combat de Cossé-le-Vivien

29 mai 1815

 

Venant de Pouancé, le détachement d’environ 1000 chouans commandés par le général d’Andigné se rend dans la ville de Cossé-le-Vivien, « gros bourg très mal pensant », situé entre Craon et Laval. Le général hésitait à se porter sur Laval ou Château-Gontier, sans parvenir à se décider. Il souhaitait soutenir les légions Gaulier et Moustache afin de faciliter leur « mise en branle ».

 

Chateau de sublay cosse

Château de Sublay

 

Gaulier avait déjà réuni pas mal de chouans et le général d’Andigné lui avait fait transmettre un message afin qu’il se porte entre Château-Gontier et Laval et d’être en mesure de soutenir une action sur l’une ou l’autre de ces places. Toutefois, étant sur les bords de la Sarthe, où il était retenu par le vicomte d’Ambrugeac en compagnie de la division Bernard : il ne put recevoir le courrier assez rapidement pour y répondre.

Le soir du 28 mai 1815, le général d’Andigné réunit les officiers les plus importants de sa troupe afin de prendre leurs avis sur l’attaque qu’il méditait pour le 29 mai. Les deux villes pressenties n’étaient pas encore en état de défense mais on y élevait déjà quelques retranchements. La crainte était que ces défenses soient renforcées si les chouans tardaient trop !

Outre la garde nationale et la gendarmerie, on trouvait également dans ces villes, quelques officiers à demi-solde, les soldats congédiés et les réfugiés des campagnes qui s’armaient contre les royalistes.

La garde nationale de Laval était « bien-pensante » et n’eut combattu qu’à regret, mais celle de Château-Gontier était mauvaise, et elle était augmentée de celle de Craon, qui était « détestable ».

Si le choix de Laval, distant de 4 lieues, était fait, les chouans devaient partir à minuit de Cossé-le-Vivien. Tandis que si Château-Gontier était choisi, les chouans ne partiraient qu’à 3 heures du matin.

Le général d’Andigné optait pour Laval, ville « plus ouverte » et «  moins capable de se défendre », et dont la prise semblait offrir plus de ressources. Malheureusement, le conseil se décida pour Château-Gontier.

Le général envoya des éclaireurs à Laval pour prendre la mesure de la situation. Seuls s’y trouvait un dépôt d’infanterie peu nombreux et des gendarmes qui avaient abandonné leurs cantonnements des campagnes pour renforcer les effectifs de la ville, au premier bruit de l’insurrection. Rien n’indiquait donc l’éventualité d’une attaque et même si la garde des chouans était forte, le départ prévu de bonne heure avait empêché de maintenir de trop nombreux effectifs durant la nuit.

Vers deux heures et demie du matin, 3 coups de fusil retentirent, suivis d’une décharge générale : c’était le poste avancé des chouans qui avaient ouvert le feu sur le détachement ennemi, lequel avait riposté.

Le général, retardé par son cheval qui n’était pas harnaché, arriva sur la place du bourg en même temps que le poste avancé qui avait été contraint de se replier et les républicains, qui avaient attaqué si brusquement. Ce poste avancé était commandé par Monsieur d’Armaillé, vétéran des campagnes de Condé. Le général d’Andigné parvient à s’extraire de la mêlée, suivi de près par ses deux aides de camp : Monsieur le marquis Caradeuc de la Chalotais et Monsieur le chevalier du Boberil, accompagnés de leurs domestiques.

Aucun ne fut touché mais des balles ennemies traversèrent col de manteau, talon de chaussures, et plusieurs coups de baïonnettes furent portés dans les porte-manteaux. Le cheval du général, blessé dut être abandonné.

Coincés dans un espace étroit, les chouans subissaient le feu ennemi. Mal armés et disposant de peu de munitions, ils ne reculaient pas. Toutefois pour ne pas épuiser inutilement sa poudre et pour ménager ses hommes, le général d’Andigné ordonna le repli sur Craon.

Une demi-heure après l’entrée dans Craon, dès le lever du jour, les chouans se portèrent de nouveau sur Cossé distant de seulement 11 km, afin de mener la contre-attaque. L’ennemi évacuait en toute hâte le bourg sans avoir pénétré dans aucune maison. Le général reprend le bourg mais ordonne de cesser la poursuite.

Dans cette échauffourée de 15 minutes, les chouans ont perdu environ 20 hommes, tant tués que blessés. Au nombre des morts se trouvent Monsieur de Saint-Sauveur, gentilhomme normand, arrivé la veille, qui fut tué en sortant de son logement. Monsieur Bodard de la Jacopière, capitaine porte-drapeau du 4eme régiment de la garde royale, y fut grièvement blessé ; Monsieur de Philmain, garde du corps, le fut assez légèrement. La surprise avait joué en faveur de l’assaillant, au nombre d’environ 300 hommes. Les bonapartistes réussirent à empêcher les projets de la journée et forcèrent le général d’Andigné à mettre ses blessés en lieu sûr. Par ailleurs, beaucoup de cartouches avaient été consommés et les réserves devaient être recomplétées.

Le général d’Andigné se retira avec ses troupes entre Pouancé et Segré, à Bourg-d’Iré où les chouans arrivèrent le 31 mai 1815. Les pertes ennemies sont inconnues.

N’ayant pas de quoi équiper ni habiller ses hommes, le général, les laisse retourner chez eux à tour de rôle. Cette mesure était nécessitée par la nature même de ces rassemblements. Seuls 300 restèrent avec le général, et marchèrent sur Candé où la troupe se réunit, le 1er juin 1815,  à celle de Monsieur de Landemont, de force à peu près équivalente, afin d’envisager de nouvelles actions.

 

 

(Source : Louis d'Andigné, Mémoires, Tome II, p.243-245.)

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