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Les assignats des Chouans

Les Assignats des Chouans

 

Au début de l’insurrection vendéenne, en mars 1793, les insurgés utilisèrent les assignats républicains qu’ils saisissaient par actes de guerre, comme ils le firent à Cholet. Mais les paysans qui méprisaient cette monnaie de papier, les refusaient et allaient jusqu’à les détruire. Pour les faire accepter, les chefs royalistes adjoignirent sur chaque assignat une surcharge au nom du Roi et sa signature.

Par décret du 15 brumaire an II (5 novembre 1793), la Convention prohiba ces billets qui devaient être considérés comme des faux sous la menace d’être condamné comme « suspects », et conduit à l’échafaud.

Les royalistes cherchèrent alors à créer un papier-monnaie au nom et à l’effigie de Louis XVII, considéré comme le successeur de Louis XVI exécuté. L’édition se fit à Châtillon-sur-Sèvre sur papier épais de couleur bis. Il y eut trois valeurs : de 500 livres à impression rouge, de 100 livres à impression noire et de 50 livres à impression verte.

 

Assignat 500 livres louis xvii

 

Assignat grande armee 1793

 

Assignat louis xvii 1

 

Malheureusement après la défaite de Laval en novembre 1793, les républicains s’'emparèrent de presque toute l’émission. Le Comte Pierre-Louis de Beauvollier, chargé des finances vendéennes, proposa la création d’un nouveau papier-monnaie hypothéqué sur le trésor royal et qui serait remboursé à la paix. Ce furent les bons royaux émis pour un total de 900 000 francs en trois valeurs : 5, 10 et 100 livres. Ces billets numérotés à la main, recevaient la garantie de plusieurs signatures, mais ils ne circulèrent pas longtemps. Ils furent soit cachés par peur de sanctions républicaines, soit emportés dans l’exil à l’étranger.

 

Bon royal beauvollier 1793

 

 

Encadré par les mentions « Armée catholique et Royale » et « Vive le Roi Louis XVII », ce bon de 100 livres est signé par les chefs vendéens Joseph-Guy marquis de Donnissan (qui sera fusillé le 8 janvier suivant), le comte de Laval Philippe de la Trémoïlle, prince de Talmond  (qui connaîtra peu après le même sort), Étienne-Alexandre Bernier, curé de Saint-Laud d’Angers (futur évêque d’Orléans), et le comte de Beauvollier, intendant-général-trésorier de l’armée catholique et royale.

(Sources : Abbé Ferdinand Gaugain, Histoire de la Révolution dans la Mayenne et Crétineau-Joly, La Vendée militaire, t. I, p.368-372.)

 

Il n’y eut désormais que les faux assignats de Londres que le Comte de Puisaye se chargeait de faire distribuer dans le camp royaliste, jusqu’à la bataille de Quiberon. Les faux assignats étaient presque parfaits. Le Comte d’Artois (futur Charles X) faisait fabriquer en Angleterre le papier à filigrane et recevait à chaque modification, un exemplaire du nouvel assignat à imiter, par le soin des correspondants qui transmettaient les courriers (ci-dessous). Cela dura jusqu’en juillet 1796, quand la pacification fut acquise. Les vrais assignats n’avaient alors plus aucune valeur.

 

800px assignat de 15 sols

 

 

Il faut enfin signaler les bons de Stofflet, qui firent s ’opposer les chefs des trois armées réunies à Jallais : l’armée du Centre commandée par Sapinaud, l’armée d’ Anjou commandée par Stofflet et les débris de la grande armée commandée par La Rochejaquelein qui l’ ayant quittée était aux ordres de son second, le chevalier de Fleuriot.

 Après le pacte de Jallais, Stofflet émis 6 millions de papier-monnaie contre l’avis des autres chefs chouans, qui ne voulaient pas obérer le trésor royal. En octobre 1794 parurent les bons de Maulévrier sous la seule signature de Stofflet, sur papier commun, de composition irrégulière. Ce sont les moins rares des billets de l’ Armée Catholique et Royale de Vendée. Ils avaient pour valeur : 10 et 15 sous, 5, 10, 25, 50 et 100 livres. Cette monnaie évitait à Stofflet de procéder à des réquisitions, il payait en billets utilisables.

 

Assignat stofflet 1795

 

Les bons de Stofflet ne purent jamais être mis en circulation. Ses chasseurs cherchaient à les faire prendre, mais personne n’ en voulait, les paysans préféraient n' être pas payés des sacrifices qu’ils faisaient. Ces bons signés par Stofflet seulement, les Vendéens affectant de mal lire son nom appelaient ces papiers des « soufflets ».

Tous ces bons émis depuis 1793 pour la cause de la royauté, ne furent pas reconnus après 1815, par le roi restauré. Louis XVIII ne voulut, en effet, jamais faire droit à ces créances engagées pour le pouvoir royal.

 

(Sources : Article de Louis Castel dans la Revue Numismatique de janvier 1976 – Souvenirs de la Comtesse de La Bouëre, édition originale 1890)

 

 

 


 

 

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